Le Taekwondo traditionnel : une philosophie en action

Le Taekwondo n’est pas qu’un sport de combat ni une simple technique d’autodéfense. Il est, dans son essence profonde, une voie (Do) : un chemin d’éducation du corps, de l’esprit et du comportement. Cet art martial, ancré dans la tradition coréenne, est une philosophie en action. Chaque geste, chaque posture, chaque rituel exprime un héritage vivant, façonné par des siècles de pensée et de pratique.

Le Taekwondo traditionnel, tel qu’il est transmis dans notre association, ne vise pas seulement à former des combattants, mais à guider chaque pratiquant sur une voie de justice, de lucidité, de solidarité, en s'ancrant dans des valeurs de respect, d’écoute et de partage.

Qu’est-ce qu’une philosophie en action ?

Le mot philosophie vient du grec philo-sophia, qui signifie « amour de la sagesse ». Dans sa forme occidentale, on l’associe souvent à un exercice de réflexion abstraite. Mais en Asie, la philosophie est avant tout un art de vivre : elle se pratique dans les gestes, dans l’attitude, dans la relation à soi-même et aux autres.

Dans le Taekwondo, la philosophie se vit dans l’action : dans le salut au maître, dans la discipline du corps, dans le respect de l’adversaire, dans le travail patient du souffle et du geste juste. En pratiquant, on intègre des valeurs : humilité, courage, maîtrise, ouverture à l’autre.

Il ne s’agit pas de penser juste, mais de vivre avec justesse.

Que signifie « traditionnel » ?

Dire que le Taekwondo est « traditionnel », ce n’est pas dire qu’il est figé dans le passé. Cela signifie qu’il respecte une culture vivante, fondée sur des valeurs humaines profondes, des gestes symboliques et une transmission orale et incarnée.

Le Taekwondo traditionnel s’inscrit dans une vision du monde coréenne influencée par le confucianisme, le taoïsme, le bouddhisme, et un fond chamanique ancestral.

Cette richesse philosophique structure non seulement les techniques, mais aussi les relations humaines dans le dojang.

Pratiquer le Taekwondo traditionnel, c’est entrer dans un espace-temps ritualisé, le dojang, où chaque détail a une fonction : la tenue, le salut, les poomsae... C’est accepter de ne pas tout comprendre immédiatement, mais de faire confiance à une forme qui éduque en silence. Le traditionnel n’est pas conservateur : il est structurant.

C’est un cadre stable pour grandir dans un monde instable.

Pratiquer le Taekwondo traditionnel, c’est entrer dans un lieu, où toute personne a sa place, quels que soient son âge, sa condition physique, son origine ou ses capacités sensorielles.

Les 4 piliers…

Le confucianisme structure l’éthique du Taekwondo. Il inspire le respect du maître, des anciens, des règles, et donne au dojang un cadre hiérarchique clair. On y apprend la discipline, la loyauté, la maîtrise de soi et le sens du devoir. Saluer sincèrement, écouter sans couper la parole, suivre une progression patiente dans l’apprentissage sont autant d’actes quotidiens où le confucianisme se vit — sans qu’il soit toujours nommé.

Le taoïsme enseigne l’art de l’équilibre, du souffle, de la circulation fluide de l’énergie. Il se retrouve dans la manière de se mouvoir, de relâcher, de respirer, d’absorber la force plutôt que de la bloquer. C’est lui qui donne au Taekwondo son intelligence du mouvement, sa capacité à combiner puissance et souplesse, engagement et non-rigidité.

Le bouddhisme apporte la dimension intérieure de la pratique. Il appelle au calme mental, à la clarté de l’intention, à la compassion et à la maîtrise des émotions. Il ne s’agit pas seulement de contrôler son adversaire, mais de se connaître soi-même, d’apaiser son agitation, et de progresser avec humilité et détachement.

Le chamanisme coréen, plus discret mais toujours vivant, rappelle l’importance du lien à l’instinct, à l’énergie brute, au sacré du vivant.